Sarah Briguet

«Miss à mort»

Les apparences sont souvent trompeuses: la célébrité de Sarah Briguet, sacrée Miss Suisse en 1994, la visibilité que ce titre confère, l’aisance de la jeune Valaisanne face aux photographes, les yeux clairs et le sourire gracieux, tout était faux. Un rôle de composition. Et comme les apparences sont vraiment trompeuses, ce rôle-là aura été, paradoxalement, le moyen de cette jeune femme intérieurement détruite pour récupérer un peu de son image, dramatiquement saccagée par le crime de l’inceste…

De la maltraitance imposée par son père, et couverte par l’entourage familial, jusqu’à l’engagement juridique, médiatique et – elle l’espère – politique pour mener le combat contre le silence et l’impunité, le parcours de Sarah Briguet aura pris des décennies, et vu se briser en route bien des tentatives pour devenir une femme, une compagne et une mère «comme les autres».

Mais aujourd’hui, l’ex-Miss devenue lanceuse d’alerte s’autorise à parler, et à tout dire, pour encourager d’autres victimes à le faire également, et tenter de faire bouger les normes complaisantes de la société et de la loi. Un long chemin? Ce n’est rien en regard de ce qu’a enduré la fillette qui se raconte dans Miss à mort, un récit poignant qui effare et galvanise en même temps. Rendre justice aux enfants, un idéal que les Miss servent parfois auprès d’ONG, au bout du monde… Sarah Briguet, elle, veut agir ici et maintenant!

Crédit photo: © Julie de Tribolet

Payot Sierre