Mélanie Chappuis et Gilles de Montmollin

«L’Autre», «Le lac était noir»

Peu de mots ont des sens aussi antagonistes que «l’autre», à la fois alter ego humaniste et individu dédaigneusement écarté, sinon rejeté.

Avec provocation mais lucidité, Mélanie Chappuis ‒ qui est dramaturge autant que romancière ‒ utilise L’Autre pour unir en un seul terme deux femmes que tout oppose. Ou relie? Car l’homme qu’elles partagent à leur corps défendant forge leur identité commune… Pour fil rouge de cette «guerre de Troie» si unique et si banale, le pouvoir des mots et le sens de l’appartenance se livrent sous sa plume un duel aigu, et pourtant sensible.

Plus direct mais non moins habile, Le lac était noir de Gilles de Montmollin se pare des codes du thriller pour aborder la disparition inquiétante d’un jeune homme. Disparu, un mot ‒ là encore ‒ qui dit à la fois le mystère et la mort… Dans l’esprit de Romain, c’est d’ailleurs pareil, car les relations de son copain, liées au monde de la politique et en proie aux rancunes et aux menaces, justifieraient que leur bateau ait «accidentellement» explosé (et eux tous avec) sur le lac de Neuchâtel. Mais les amis de nos amis sont-ils nos amis? Et connaît-on vraiment ceux que l’on aime? C’est ce que l’enquête périlleuse de Romain établira…

Crédit photos: © Anoush Abrar (Mélanie Chappuis) // © D. R. (Gilles de Montmollin) 

Payot Lausanne