Licia Chery

«Noir en couleurs»

Le visage espiègle et le sourire de Licia Chery, familiers aux téléspectateurs de la RTS, et son esprit enjoué que les enfants ont pu découvrir dans Tichéri a les cheveux crépus, cachent de profondes blessures, et la gravité qui permet à la jeune écrivain et animatrice d’origine haïtienne de les analyser, et de les dépasser.

Si les déboires de Tichéri étaient abordés avec douceur pour sensibiliser les petits aux méfaits des préjugés, c’est avec beaucoup plus de sérieux que Noir en couleurs aborde le passé de ses ancêtres, féminines surtout, victimes de la traite des esclaves.

Documentée par l’Histoire elle-même, mais aussi par des souvenirs familiaux qui semblent s’être gravés dans les gênes d’une génération après l’autre, son évocation sans concession est cependant subtilement humaniste. La littérature et une part de fiction – comment combler autrement les vides laissés par ces destinées? – insufflent la part d’émotion qui permet de trouver, par-delà le temps, l’indifférence et la méconnaissance, un accès au drame de toutes ces vies perdues.

Crédit photo: © Yannick Colaizzi

Payot Lausanne