Kalonji

«Seuls en exil»

«Mineurs non accompagnés», une désignation rendue familière par les reportages sur les migrants. Un terme administratif, qui recouvre cependant des réalités humaines extrêmement dures: pour les enfants ainsi désignés, l’exil a signifié l’arrachement à leur famille, à leur culture et leur langue, un voyage long et dangereux, la faim, le froid, la maladie, la brutalité des passeurs et des fonctionnaires, la mort de compagnons de route moins chanceux. Des vies d’enfants sans enfance…

Leur accueil, néanmoins, est des plus froids et inadaptés, en Suisse, pays de l’action humanitaire, comme ailleurs en Europe. Touchés par le suicide d’un jeune migrant afghan à Genève, trois illustrateurs: Kalonji, Fabian Menor et Yrgane Ramon, ont mis en images trois histoires vraies recueillies auprès de réfugiés mineurs isolés, parqués durant des mois, parfois des années dans des centres d’hébergement sans espoir ni horizon.

Les destins sont tragiques, les commentaires désabusés, les dessins sombres et poignants. Pourtant, une fraîcheur juvénile, une certaine candeur survivent, se laissent deviner au détour d’un regard, d’une évocation: sans grandes théories, Seuls en exil est une BD coup de poing que chaque ado, chaque adulte devrait lire pour commencer à comprendre. (Dès 14 ans)

Crédit photo: © Guillaume Megevand

Payot Genève Rive Gauche