Decressac, Fornelli et Tartrais

«Positif !. Tome 4», «L’Étrange Bestiaire», «Juste avant la fin du monde»

On aurait pu craindre que le délitement du monde n’entame le moral de dessinateurs de presse, mais rien à craindre: le trio envoyé sur le terrain par l’éditeur associatif Chez Yvette rassure entièrement!

Le dessinateur français Decressac (Fluide Glacial, L’écho des savanes) attaque bille en tête dans ce quatrième volume de Positif!, une charge déjantée et très noire contre l’actualité sociale, politique et médiatique. Ses premières victimes sont… les dessinateurs de presse, «tous des crétins prétentieux» (sic). Ça commence bien!

Et ça continue avec son compère Tartrais, spécialiste du dessin en direct, dont les planches sobres et soignées, délicatement pastel, tranchent sur le cynisme des légendes. L’univers du bureau et le quotidien lui sont un vivier inépuisable: la sottise, l’absurdité, l’égocentrisme, le ridicule qui ne tue pas, autant de tares contemporaines qui, Juste avant la fin du monde, ouvrent un boulevard à son impitoyable ironie.

C’est à Fornelli que revient de mettre un peu de poésie dans ce monde de brutes. À poils, à écailles ou à rayures, les hôtes de L’Étrange Bestiaire bénéficient de son humour potache en une satire malicieuse ou grinçante. Croqués par Giemsi, ils passeront à la postérité dans un registre zoo-sociologique qui doit autant à La Fontaine qu’à Prévert ou Charles Cros – dont le fameux Hareng saur d’ailleurs aurait été là comme un poisson dans l’eau!

Crédit photos: © D. R.

Payot Neuchâtel