Blaise Hofmann et Clément Osé

«Faire paysan», «Plutôt nourrir. L’appel d’une éleveuse»

Révélé au grand public en 2007 par Estive, Blaise Hofmann passe à l’étape supérieure et se fait enquêteur en monde rural. Issu d’une famille d’agriculteurs dont il est fier, vivant parmi les exploitants dans la campagne vaudoise, il s’équipe – bottes, stylo et ouverture d’esprit – pour aller cueillir l’information auprès de ceux qui sont bien placés pour en parler. Dans un décor et un mode de vie qui changent à toute vitesse, les technologies de pointe et les principes économiques voisinent avec des vestiges du «bon vieux temps», qui n’était certes pas si bon que cela, mais sur lequel les paysans – seuls les citadins craignent d’utiliser ce mot – avaient au moins la main. Pourtant, dépossédés peu à peu de leurs méthodes, de leurs envies, de leurs savoirs, de leur indépendance financière et professionnelle, les paysans d’aujourd’hui «tiennent»! Mais pour combien de temps?

Plutôt nourrir. L’appel d’une éleveuse est l’histoire d’une diplômée de Sciences Po devenue éleveuse de cochons noirs dans le Gers et militante, face à l’agro-business, de l’alternative du mode de vie paysan, solidaire et joyeux. Quand Noémie Calais lui dit qu’elle élève maintenant des cochons dans le Gers, Clément Osé décide d’aller voir de ses propres yeux et il découvre son ancienne camarade installée dans une ferme collective en train d’aider une truie à mettre bas au plus froid de la nuit; il l’accompagne dans les ténèbres de l’abattoir et sous les néons de l’atelier où elle découpe les carcasses. Clément appréhende mieux la complexité d’un sujet trop souvent réduit au débat «pour ou contre la viande» et le rôle que peuvent jouer les animaux dans un système alimentaire durable, aux antipodes d’une agro-industrie dans l’impasse; en effet, l’élevage qu’il voit n’est pas celui des vidéos-choc qui circulent sur Internet. Mais, pour l’heure, les normes favorisent le modèle intensif dominant et poussent Noémie et d’autres petits éleveurs à se battre pour survivre et pouvoir continuer à travailler dans le respect du vivant, guidés par une joyeuse solidarité. Quitte à désobéir.

Dans ce récit immersif, sensible et politique, les voix de Clément Osé et Noémie Calais se conjuguent pour nous emmener des cabanes à cochons au modèle de société que nous devons choisir pour continuer, demain, à nourrir nos corps et nos âmes.

La rencontre entre Blaise Hofmann et Clément Osé intitulée «Regards croisés sur l’agriculture» sera suivie d’une séance de dédicace.

Crédit photos: Blaise Hofmann © Matthieu Croizier // Clément Osé © D. R.

Payot Lausanne