Anouk Hutmacher et Benoît Lange

«Silence, on ferme!», «Le choix de la terre»

Chez Anouk Hutmacher, «intello» (sic) devenue paysanne par amour, on ne ferme pas comme l’on pourrait le comprendre, et pas en silence non plus – au contraire, on fait vivre une exploitation agricole, et on en parle! Mais les difficultés et les questions sont bien là, parasitant le bonheur d’être en lien avec la terre et de développer au plus juste une ferme pleine de ressources. Une vie très prenante, difficile parfois, est mieux acceptée que la menace diffuse mais bien présente qui plane sur l’avenir de l’agriculture en Suisse… Le ton d’Anouk Hutmacher pourtant, s’il est plus grave qu’elle ne semble le souhaiter, reste énergique et engagé. Et ses origines citadines, liées à son activité concrète, donnent forcément une légitimité à cet élan commun entre producteurs des campagnes et consommateurs des villes que sa tonique Chronique paysanne appelle de ses vœux!

L’existence d’Anne Chenevard, devenue presque malgré elle l’égérie de la lutte pour la valorisation de la production laitière, est tout aussi combative, engagée et, malheureusement, soucieuse. C’est cependant à travers un ouvrage très différent qu’elle s’exprime, traduite par les très belles images en noir et blanc du photographe Benoît Lange et les textes de l’historienne Anne Philipona: avec subtilité, l’esthétique du Choix de la terre accompagne la force du propos sans la supplanter. Deux femmes, deux vies de paysannes prises entre fierté et inquiétude: un double regard nécessaire et fructueux sur l’urgence de saisir les problèmes de production et d’alimentation à bras le corps – avant qu’il ne soit trop tard.

Crédit photo: © D. R.

Payot Yverdon-les-Bains