Marie Perny et Julien Sansonnens

«Vie imaginaire de Cornelius G.», «Agnus Dei»

Quoi de plus intrigant et passionnant que la découverte d’un trésor colossal – et volé? Celui que les douanes allemandes ont retrouvé par hasard à Berlin, en 2012, fut accumulé par un galeriste allemand, Hildebrandt Gurlitt, devenu complice du nazisme en pillant les collectionneurs juifs d’art moderne et contemporain.

Prenant la suite de La collection inavouable, essai que Dimitri Delmas consacra récemment à ces acquisitions tragiques, Marie Perny esquisse dans Vie imaginaire de Cornelius G. ce que fut, peut-être, l’existence de son fils, héritier hanté par cette collection maudite. Musicienne avant de devenir écrivain, elle compose autour du personnage une sonate à la fois funèbre et passionnée, tissée de dialogues entre l’homme et les prestigieux tableaux, reclus avec lui, au secret dans un appartement misérable…

C’est à la même époque que Julien Sansonnens a trouvé l’essentiel de l’authentique fait divers dont il a tiré Agnus Dei. Dans la campagne fribourgeoise d’après-guerre, conservatrice mais tentée par la modernité, un crime familial entraîne la réprobation impitoyable de tout un village, mais autant par mécontentement d’y être associé que par souci de morale. Oublier semblait le plus simple… L’écrivain, lui, apprécie de revenir aujourd’hui sur ce triste épisode, de fouiller dans les mentalités, les conventions, les rancunes, pour éclairer de l’intérieur les ombres d’une histoire dont il polit les facettes avec empathie.

Crédit photo: © D. R.

Payot Yverdon-les-Bains